L'Apuce a bientôt 40 ans ...

 Souvenez-vous, c'était au siècle passé : un ex-acteur de western s'installait à la Maison Blanche, le disco était toujours à la mode, on ne parlait pas encore du sida, le Servette FC remplissait le stade des Charmilles et un Conseiller d'Etat du nom d'André Chavanne dirigeait le DIP.

 

 Quatre ans auparavant, c'est avec un statut expérimental que l'UCE avait ouvert ses portes à 140 élèves, réparties dans six classes, de la 1E à la 4P. L'équipe enseignante initiale disposait alors de trois ans pour faire ses preuves et mettre en place cet ambitieux projet coopératif dont la franchise majeure n'était que la suppression des notes. 

Cette évaluation qui se voulait formative, allait se traduire en objectifs à atteindre. Durant les quatre premières années de sa vie, l'UCE fonctionnera donc sans notes mais aussi sans devoirs à domicile, ce qui satisfait pleinement la majorité de parents d'élèves. Mais pour l'équipe enseignante initiale qui s'est réunie autour d'objectifs politico-pédagogiques, cette période reste placée sous le signe de la militance et des confrontations, c'est également vrai pour les autres acteurs concernés par ce projet.

 En 1980, alors que l'UCE est entrée dans sa quatrième année d'existence, enfin délestée de son statut expérimental, de fortes pressions politiques s'exercent sur le DIP visant à réintroduire des notes en français et en mathématiques. La réaction ne se fait attendre et l'on assiste à une impressionnante levée de boucliers: réunions, manifestations, lancement d'une pétition qui récoltera en une semaine 1114 signatures pour "la suppression des notes à l'école". Il y eut aussi une "grève" des livrets scolaires officiels, et même parfois une destruction de ceux-ci! En tant que fonctionnaires, les enseignants de l'UCE doivent se conformer aux directives officielles mais une majorité de parents reste très réactive: une centaine d'entre eux plaident pour un moratoire d'une année et refusent de signer ces carnets porteurs de notes "vides de sens et de substance". Le président Chavanne se fait même chahuter et houspiller par les plus virulents d'entre eux, lors d'une fameuse réunion explicative en octobre 1980; il finira par quitter précipitamment cette assemblée échauffée en claquant la porte. Par la suite, cependant, ces récalcitrants plieront l'échine mais non sans avoir obtenu le maintien, en parallèle des notes, du dossier d'évaluation formative.

Les temps ont changé; les enjeux ne sont plus les mêmes et la rénovation a déployé ses effets; cependant il est instructif de constater que la question des notes suscite toujours autant de questions et de passion...

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